CHOUKRI MESLI
Choukri Mesli (1931) est l'un des « fondateurs » de la peinture moderne en Algérie.
Choukri Mesli naît le 8 novembre 1931 à Tlemcen dans une famille d'intellectuels et de musiciens. Il réalise ses premières gouaches en 1947 et, de 1948 à 1951, est l'élève de Mohamed Racim à l'École des Beaux-Arts d'Alger. Il participe en 1950 à la création de la revue « Soleil » et fonde le « Groupe 51 » avec de jeunes poètes et peintres dont Kateb Yacine et M'hamed Issiakhem, participe au Salon des Orientalistes. En 1953 il organise une exposition de la jeune peinture algérienne avec Sauveur Galliéro et Louis Nallard dans la salle du Crédit municipal d'Alger et obtient le premier prix de la ville d'Alger. En 1954 Choukri Mesli entre à l'École des Beaux-Arts de Paris et réalise l'année suivante sa première exposition personnelle. Il expose en 1956 avec le marocain Cherkaoui, participe l'année suivante à la grève des étudiants en renonçant à toute exposition et rejoint le Maroc en 1960.
Nommé dès 1962 professeur de peinture à l'École des Beaux-Arts d'Alger, Mesli est en 1963 membre fondateur de l'Union Nationale des Arts Plastiques (UNAP), dont il est secrétaire chargé de la coordination. Il participe aux nombreuses expositions organisées par l'UNAP en Algérie et à l'étranger. En 1967 Choukri Mesli participe avec Denis Martinez à la création du groupe « Aouchem » (Tatouage) dont il organise la première exposition. « Aouchem est né il y a des millénaires, sur les parois d'une grotte du Tassili. Il a poursuivi son existence jusqu'à nos jours, tantôt secrètement, tantôt ouvertement, en fonction des fluctuations de l'Histoire. (…) Nous entendons montrer que, toujours magique, le signe est plus fort que les bombes », déclare leur « Manifeste ». En dépit des violences, certaines traditions plastiques ont réussi à se maintenir dans les gestes qui modèlent et peignent l’argile, tissent la laine, décorent les murs, gravent le bois ou le métal : c’est sur ces survivances qu’« Aouchem » veut s’appuyer. Mesli travaille en 1969 à la préparation du Festival Panafricain d'Alger.
Choukri Mesli effectue en 1982 un voyage d'études aux États-Unis où il expose avec un groupe d'artistes africains. Entre 1983 et 1985 il réalise à Alger une fresque de cent mètres carrés et trois sculptures, puis de nouvelles expositions personnelles en 1986 (textes de Malika Bouabdellah, Denis Martinez et Françoise Liassine) et en 1990 (Palimpseste de Tin Hinan, avec une préface de Rachid Boudjedra. Après la vague d'assassinats en 1993 des intellectuels algériens, Choukri Mesli est contraint à l'exil et s'installe dans la banlieue parisienne. Choukri Mesli participe aux principales expositions collectives des peintres algériens en Algérie, au Maghreb et en France : Signes et désert à Bruxelles en 1989; Autres soleils et autres signes à Montpellier en 1990; Baya, Larbi, Martinez, Mesli, Silem, à la Galerie Art’0 d'Aubervilliers en 1991; Les effets du voyage au Palais des Congrès et de la Culture du Mans en 1995; avec Denis Martinez à la Collégiale Saint-Pierre le Muellier, Orléans (avec des préfaces de Benamar Médiene et Rachid Boudjedra) en 1998); Peintres du signe, Fête de l’Humanité, La Courneuve en 1999 (exposition itinérante) ; Le XXe siècle dans l'art algérien, au Château Borély de Marseille et à l'Orangerie du Sénat de Paris en 2003..
« Dans cette géométrie du désir, fusionnent des symboles millénaires, resurgissent les gestes primitifs qui décorent et codent pour magnifier ou appeler l’amour, la fécondité, la fidélité, pour convoquer le malheur ou l’anathème. L’amour et l’inquiétude sans âge guident les mains qui tracent des signes pour interpeller, glorifier, protéger, attirer, posséder. Mains toutes-puissantes de femme qui balisent, exaltent, transfigurent, établissent le sens et le désir. Sur quelques-unes des gouaches apparaissent les femmes elles-mêmes, tatouées jusqu’au nombril. La femme porteuse de l’alphabet, porteuse du pouvoir. Choukri Mesli place ses œuvres sous le signe de Tin-Hinan, la femme qui commande aux hommes. Sur les « palimpsestes » (titre de l’exposition), les rêves, les figures s’accumulent, se chevauchent, se supplantent. Les formes, parfois, demeurent embryonnaires, se rétractent, se figent dans l’esquisse. Elles s’effritent, laissant une impression de parchemin séculaire, de bas-reliefs aux dorures écaillées. (...) La femme de Mesli est sensualité, séduction, désinvolture, mémoire. Elle nous incarne, nous prolonge et nous multiplie. Elle dissipe nos anxiétés. Pourquoi n’a-t-elle pas de visage ? Est-ce parce que le visage casse le rythme du corps, qu’il annule le mystère et le rêve en fixant une identité ? Dans un tableau intitulé « Je suis heureuse », la femme nous dévoile sa tête : un croissant de minaret. Elle confirme son appartenance au rêve, elle intègre un monde féerique bâti par une imagination d’enfant. »
Tahar Djaout, Choukri Mesli, Géomètre du désir, Algérie Actualité, Alger, 17-23 mai 1990
Article de WIKIPEDIA
Paul Casimir Frédéric Jobert est un peintre officiel de la Marine, né le 19 août 1863 à Tlemcen (Algérie), mort le 24 mars 1942 à Constantine (Algérie).
Paul Jobert est né en 1863 à Tlemcen où son père était avocat-défenseur, descendant d’une famille de diplomates installés dans la régence d'Alger avant la conquête de l’Algérie. Attiré très jeune par la peinture, il poursuit sans conviction ses études au lycée d’Alger, pour s’inscrire à l’École des beaux-arts d'Alger dans les années 1880 avant d'intégrer, sur les conseils de Jules Bastien-Lepage, l’École des beaux-arts de Paris ; il y sera l'élève de Jules Bastien-Lepage, Jules Lefebvre et Benjamin Constant. Admis au Salon des artistes français en 1886, il expose ensuite à l’exposition universelle de Paris en 1889 (mention honorable) et 1990 (médaille de bronze). Il obtient deux médailles d’or aux Salons de la société des artistes français. Entre 1888 et 1914, il expose au Salon de Paris, à New York et à Philadelphie. En 1890, il expose Les Palangriers au musée d’Alger.
Il est nommé peintre officiel de la Marine en 1891. A ce titre, il se distingue dans la représentation de scènes militaires et/ou historiques : Attaque d’un vaisseau amiral par les torpilleurs, Les grandes manœuvres de l’escadre du Nord à Cherbourg, Lâcher de pigeons militaires à bord d’un torpilleur dans la Manche, Bombardement d’Alger par la flotte française le 3 juillet 1830, Fusilier marin...
Son tableau Arrivée de l’escadre russe en rade de Toulon le 13 octobre 1893, présenté au Salon de 1894, a été présenté dans le cadre du 50e anniversaire des relations diplomatiques franco-soviétiques, à l'exposition L'URSS et la France - Les grands moments d'une tradition[1].
Il représente également la bourgeoisie française et américaine du début du XXe siècle (La Beauté américaine[2], Portrait du général C., Amiral Nenny, Colonel Deport, Emile Morinaud, Portrait de madame Thu).
Installé à Paris,il épouse en 1894 Philomena Lynch, de nationalité américaine. Ils auront deux enfants, Agnès et Alexandre. Paul Jobert reste attaché a sa terre natale et continue à peindre l’Algérie, où il se rend régulièrement pour exécuter des commandes publiques et privées de décoration : Bustes de femmes dans des jonchées de roses (plafonds de l’Hôtel de ville de Constantine, 1904), Hôtel de ville de Philippeville, établissement balnéaire de Djidjelli,….
En 1897, il illustre la publication du livre Gens de mer, de Yann Nibor, par 42 dessins à la plume. En 1991, il participe à l’illustration du livre La chanson des cols bleus, chants populaires de la flotte française, du même auteur. En 1898, il expose des Marines à la galerie M. Knoedler à New York. Il exposera par la suite à l’exposition universelle de Paris en 1900, puis au Salon en 1906.
Il est nommé conservateur du musée de Constantine, lors de son ouverture le 15 avril 1931[3].
Paul Jobert a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur en 1908. Il voit sa croix militarisée après s’être engagé volontairement comme simple soldat en août 1914, à l’âge de 51 ans. Affecté à l’état-major du IXème corps d’armée, il passe la guerre au front. Il produit à cette occasion un album intitulé Croquis de guerre 1914-1917 (40 exemplaires numérotés et signés). Il est promu Officier en 1921.
Ses tableaux sont conservés dans plusieurs musées, en France (notamment aux Musée de la marine et musée du Luxembourg à Paris, musées de Versailles et de Vincennes, musées de Cherbourg, Dax, de Dieppe, Honfleur, Le Mans, Rouen, Valenciennes..) et à l’étranger (Montevidéo et Philadelphie).