PIERRE RIBERT grand prix sacem 2004
PIERRE RIBERT
Pierre Ribert, né en 1926, à Tlemcen (Algérie) dans l'entre-deux guerres et futur élève au collège militaire de Soreze (Tarn), entra aux Editions Métropolitaines en1946 après des études de biologie,par l'intermédiaire de son oncle E.J.Bennet, créateur du premier quotidien du dimanche, "La Seine" (où le jeune homme assurait lui-même les"potins artistiques"), devenu depuis"Le Journal du Dimanche". Pendantdeux ans, Pierre gravit tous les échelons dans la société, et lorsqu'en1946, le groupe financier qui avait repris cette affaire créée en 1936,gérée d'abord par un groupe d'auteurs, décide de la mettre en vente à la suite d'une mésentente,il se positionne et obtient la direction en même temps qu'un sursis de deux ans. Outre un caractère de "battant", une foi immuable en son destin, un vrai charme naturel et une ténacité toujours intacts un demi siècle après, ce sont bien sûr les auteurs et compositeurs, qu'il réunit vite (en 1947) autour de lui et qu'il anime, gère, inspire, sous les conseils du parolier Louis Poterat ("Le premier rendez-vous","Chic à Chiquito"…) et avec l'appui ponctuel de Jean Dréjac, immortel auteur de "Ah ! Le petit vin blanc","Sous le ciel de Paris", "La chansonnette" et tant d'autres.!Dès 1950, la société obtient desrésultats encourageants, et en1954, Pierre Ribert, alors directeur artistique et co-gérant, devient sociétaire définitif à la SACEM.Il faut dire qu'en peu de temps, il aaligné les succès : "Si jolie", "C'està l'aube" (1950), "Tire l'aiguille"(1951), "A la Saint Médard","Ma p'tite chanson", "Dansero","Douchka", "Quand un soldat"(1952), "Le danseur de charleston"(1955), suivis de "Tu n'as pas très bon caractère", "On n'est pas là pour se faire engueuler", "Fais-moi du couscous chéri", "Naples au baiser de feu" (jouée deux ans auThéâtre Mogador par Tino Rossi à partir de 1957), "La foule" (1958),"Romantica" (1960), "Pour une amourette" (1962), "Ballade à Sylvie",... tandis que de nombreux auteurs, compositeurset interprètes prennent peu à peu le chemin du 3, rue Rossini où est alors domiciliée son édition à côté de la société Raoul Breton, dans ce fameux neuvième arrondissement qui est un peu au music-hall des années 50 ce que Tin Pan Alley est à la comédie musicale américaine.Pierre Ribert restera d'ailleurs fidèle au quartier puisqu'il s'installera plus tard, en 1979, au 11, rue de Provence, à quelques pas de là…Entre deux bouffées de piano et un "souple" à découvrir, on y croise alors Edith Piaf, Gloria Lasso,Marcel Amont, Bourvil,,Leny Escudero, Jeanne Moreau,Barbara, Georges Moustaki, FélixLeclerc, Léo Ferré, Dalida, Théo Sarapo... De Montand à Chevalier, de Patachou à Line Renaud, Fernandel, Salvador, Tino Rossi, Luis Mariano,Serge Reggiani, Juliette Gréco, Guy Béart, Marie Laforêt, Eddy Mitchell, Sheila, Johnny,Sylvie, Nana, Mireille Mathieu,Richard Anthony, Dick Rivers (et les Chats Sauvages), Les Sunlights,Claude François, ... rares sont en effet lesvoix qui n'ont pas chanté un jour ou l'autre le catalogue de l'ami Ribert.
Enfin, en tout bien tout honneur, Pierre Ribert vient d'être nommé Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur dans la promotion du 14 juillet 2004. Indépendant dans l'âme, artisan de coeur, cet homme de l'art qui est aussi un homme d'affaires,unissant à merveille sens des relations humaines et publiques, en bon latin qu'il est, reste le symbole même de l'éditeur traditionnel, dans le meilleur sens du terme, toujours"à la source de l'oeuvre", en train de la faire vivre et revivre. Autant dire qu'il est aussi à sa façon un artiste, puisqu'il est doté d'un don précieux : le talent de reconnaître le talent, et qui plus est de le faire savoir. Ne cherchez pas très loin Le secret de cette éternelle jouvence : cela s'appelle tout simplement la chanson.
Grand Prix de l'édition musicale G r a n d s P r i x S a c e m 2 0 0 4